La cuisine est le meilleur moyen que je connaisse de mettre tout le monde autour d’une table pour parler. Voici des recettes pour vos prochains débats… pour une fois on a le droit de parler la bouche pleine !
Je voudrais retrouver le goût des tomates !
C’est ma collègue (et amie et marraine de mon fils…!) qui a été scotchée. Elle anime un atelier d’apprentissage du français pour adultes (un atelier sociolinguistique) et on prépare la fête de quartier sur le thème du développement durable.
La conversation s’engage, mais ce n’est pas facile de parler réchauffement climatique, économie d’énergie, avec des gens qui n’ont pas le vocabulaire, et aussi pas ce genre de préoccupation quotidienne. Mais en creusant, en faisant parler les dames sur leur vie, leur enfance, leur rôle familial, on finit par avoir un vrai débat, c’est-à-dire où on met à jour toutes les contradictions humaines, sociales, économiques, à coup de petites traductions, de recherches, de vidéos, de fous rires et de livraison de secrets.
Je vous livre les conclusions en vrac, qui parlent d’écologie et de préoccupations quotidiennes :
- L’étonnement d’apprendre que l’eau du robinet est potable, et qu’il n’est pas nécessaire de se ruiner le porte monnaie et le dos avec des packs d’eau
- que les enfants peuvent accepter de ne pas avoir toutes les nouveautés et de ne pas jeter les « vieilleries » de plus de 3 mois…
- …
Mais tout se résume dans la phrase de cette femme de 64 ans, algérienne, vivant en France depuis 27 ans : « j’aimerais tellement retrouver le goût des tomates de mon enfance ! »
Et moi aussi…
La poule au blanc hallal
Pour faire une bonne poule au blanc, c’est facile, et pas cher. Vous faites bouillir une bonne poule commandée chez le boucher, c’est énorme et pas cher du tout. Mais il faut attendrir la chair…
Ensuite vous la faites cuire au bouillon de légumes, et enfin, avec le bouillon vous faites un roux. Vous coupez la poule en morceaux et laissez mijoter un peu dans la sauce.
On est prêts à servir, et c’est là que ça se complique : il y a ceux qui veulent des cornichons dans la sauce, et pas les autres…
Et que ça se batte, et qu’on fasse des clans, et qu’on s’engueule. Bon Finalement on tranche : tout le monde se met autour de la table, et on fait 2 sauces, l’une aux cornichons, l’autre non.
Une dame mange hallal : ben on procède de la même façon, on fait pour ceux qui mangent hallal et pour ceux qui ne mangent pas hallal, vu que notre but était d’être tous autour de la même table.
Ah tiens, quand on mange, que des slurps et des « que c’est bon ». Les recettes du terroir ne demandent qu’à vivre avec leur temps, et faire vivre les gens ensemble.